El Grande Norte : Chihuahua et Durango

Et vlan, bienvenidos en México!

Les changements n’ont pas été aussi drastiques que l’on pourrait le croire: les ranchs, les cow-boys, les gros pick-up, tout cela continue au sud de la frontière états-unienne. Cependant, nous avons la surprise de découvrir des villages beaucoup plus actifs, où les gens sont souvent à l’extérieur, où les petits commerces pullulent et où l’on y trouve plus facilement fruits et légumes pour bien nous alimenter. La seule difficulté a été de trouver du naphta pour le poêle de camping, mais, puisque j’ai la version Internationale, je peux l’utiliser avec d’autres combustibles comme de l’essence, bien que ce soit moins propre pour l’appareil.

On a tenté de nous faire de grandes peurs aux États-Unis à propos du Mexique et nous avons bien fait de les prendre avec un grain de sel. Bien que l’état de Chihuahua soit réputé pour être instable, sa partie ouest, où nous étions, est beaucoup plus calme. Jamais pour l’instant nous ne nous sommes retrouvés dans des situations inconfortables avec qui que ce soit. Les gens sont super sympathiques et curieux à propos de ce que nous faisons. Ils se font un plaisir de nous aider à trouver un endroit où dormir.

Les routes sont un peu plus étroites, l’accotement est un luxe que l’on retrouve très rarement. Nous devons donc prendre une partie de la route, mais les conducteurs sont très courtois et nous dépassent seulement lorsque sécuritaire. On s’habitue à voir passer ces camions de militaires, de police fédérale ou police de l’état, où les hommes se tiennent debout derrière le pick-up, couvert de la tête aux pieds et armes en main. Du coup, ils semblent influencer la population civile, qui elle aussi semble apprécier le fait d’être debout dans un véhicule en mouvement: les enfants dans un pick-up, les fermiers en haut du tas de paille tiré par un tracteur, et des hommes de toute sorte « en vigie », debout sur leur camion. Nous devons passer régulièrement des contrôles policier ou militaire, mais ils sont plutôt curieux à savoir quelle puce nous a piqués pour entreprendre un tel voyage plutôt que de savoir ce qu’il y a dans nos bagages.

Les routes planes qui nous ont sorti des États-Unis ont continué pour quelques jours, mais sur notre droite, la Sierra Madre Occidentale prenait de plus en plus d’ampleur. Finalement, à Buenaventura, nous avons bifurqué pour enfin commencer à grimper. Ces routes de montagnes nous ont amené, en passant régulièrement par de petits villages sympathiques, dans la région de Barranca del Cobre, aussi appelée Sierra Tarahumara, parsemée de profonds canyons et résidence du peuple amérindien homonyme. Nous avons pu visiter la région plus que nous l’espérions grâce à des personnes rencontrées qui nous ont amené en voiture à Divisadero, où il aurait été trop long d’y aller en faisant ce détour à vélo.

Et puis, c’était le temps de retourner sur les routes non pavées.

Les 70 kilomètres de Cusaráre à Norogachi nous ont pris une journée et demie à faire tellement le dénivelé était difficile. Nous avions l’impression de nous retrouver dans l’inverse des montagnes. Nous passions d’un canyon à l’autre, via de subites montées suivies d’un plateau plus ou moins long et d’une descente tout aussi difficile sinon plus. Nous avons par contre pu passer par des villages authentiques, où les femmes portent leurs vêtements traditionnels complexes et vivement colorés, où il fallait parfois pomper notre eau du puits communautaire et où nous pouvions camper sécuritairement dans des emplacements discrets non loin de la route. Bref, prendre cette route était un bon choix.

À partir de Guachochi, où nous nous sommes reposés un peu, nous nous sentions quitter cette région, la végétation changeante et les descentes devenant de plus en plus importantes. Nous avons déboulé à Balleza dans une descente mettant l’eau à la bouche, où il a fallu quitter nos manches longues une fois rendu en bas, dû à la chaleur causée par la perte d’altitude.

Le lendemain, c’était la fin de notre section de 15 jours dans l’état de Chihuahua: une fois passé le contrôle militaire où Pablo s’est fait un peu engueuler par un militaire car il voulait prendre cette photo, nous sommes entrés dans l’état de Durango.

Contaminés par notre expérience dans l’arrière-pays mexicain, nous avons trouvé deux petites routes non pavées nous permettant d’éviter la ville d’Hidalgo del Parral et la route Panaméricaine bien occupée. Nous passions d’un ranch à l’autre, devions traverser à gué les rivières et campions sur le bord de celles-ci. Sur la route, nous avons entendu parler des Aguas termales Los Morillos, une petite installation bien simple crachant de l’eau thermale, qui pour nous a été une douche de luxe et un lieu de repos exceptionnel. Un genre d’endroit qu’on n’entendrait pas parler dans le Lonely Planet.

Nous arrivons parfois dans de petits villages au coucher du soleil, demandant aux gens où nous pourrions passer la nuit. La plupart des fois, ils ne veulent pas nous savoir camper entre deux villages et s’organisent pour nous trouver un coin tranquille. Le juge d’Endocino nous a offert ce qui sert de prison du village, un homme à Jihuites nous a aménagé un petit cocon sous un toit de derrière de pick-up dans sa cour, un homme à Corrales nous a ouvert la porte de la salle d’événement communautaire du village et une entrepreneuse de Canatlán nous a laissé dormir dans sa boutique. En plus de dormir dans des endroits assez originaux, nous avons rencontré des personnes formidables, la main sur le coeur, prêts à rendre notre séjour chez eux agréable.

Les derniers jours ressemblaient à des montagnes russes, passant d’une vallée à l’autre, mais plus nous progressions, plus les montées étaient courtes. La sensation de monter le deux tiers ou toute une côte avec l’élan de la descente antérieure est plutôt satisfaisante! La route a fini par se calmer dans une large vallée qui nous a mené jusqu’à la ville de Durango.

Nous voilà donc à Durango, prêts à commencer une section beaucoup plus urbaine, une ville importante se trouvant sur notre route à peu près aux trois jours. L’objectif est d’arriver à Tasquillo avant Noël (à plus ou moins 1000 kilomètres d’ici), où des amis de la famille de Pablo nous ont invité à passer les Fêtes. Nous laisserons nous vélos là et prendrons le bus pour jouer les « touristes standards » en passant le jour de l’An à Mexico Ciudad. Retour ensuite à nos vélos en 2013, contournant la capitale par le nord et l’est, en route vers Oaxaca, Chiapas et éventuellement l’Amérique Centrale!

4 avis sur « El Grande Norte : Chihuahua et Durango »

  1. Salut Etienne !
    Très bonne année 2013 !
    Je me régale à lire ton récit pour cette partie du Mexique ! Bravo ! Et le montage avec les cowboys amateurs est excellent, et vraiment de très bonne qualité ! On sent vraiment le bonheur que vous avez à voyager, à rencontrer les locaux. Quel superbe voyage…
    Très bonne continuation à toi, profite bien de la suite !
    Camille.

  2. Salut Étienne …
    Ton périble au Mexique semble plus tumulteux que ton passage au Canada et USA … j’espère que la santé va bien et que tu t’es adapté à la bouffe local sans trop être malade
    Take care
    Erick Infirmier

Répondre à Thérèse Annuler la réponse

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *