Que devient-on deux ans plus tard ?

Fin Parque Nacional Tierra del Fuego

ll y a de cela bientôt deux ans, une dernière descente m’amenait vers la ville portuaire d’Ushuaia, ultime ville d’Argentine regardant vers le sud, sur le canal Beagle. Des fois je l’oublie, et parfois mes souvenirs me le recrachent en plein visage. Hé oui c’est vrai, j’ai traversé les Amériques en vélo. J’avais derrière moi plus de 30 000 kilomètres, partagés avec une trentaine de personnes rencontrées sur la route ou dans la plus grande des solitudes. Tous ces kilomètres réunis sur une carte ressemble à ça:

Au delà du défi physique, c’était aussi un projet audiovisuel par lequel j’ai pu faire vivre à plusieurs une part de mes expériences à travers 18 vidéos montés sur la route. C’était un projet caritatif également: grâce aux donateurs qui ont appuyé le projet et la cause, 2 200$ ont été remis à Équiterre.

J’ai vite été repris par la réalité du retour : boulot, fin des études, autre boulot… Je n’ai pas arrêté de me promener d’un bout à l’autre, mais dans d’autres contextes. On me demandait si je voulais écrire un livre, faire des conférences, monter un documentaire. Je voulais répondre « oui, maintenant! » mais une fois le retour décanté, d’autres projets ont passé devant. Je lève mon chapeau à ceux qui après un projet de la sorte, ont su maintenir le momentum et mettre les ressources dans la création de tels médias. J’aimerais avoir pris le temps de m’assoir devant un ordinateur plus puissant que mon petit portable chahuté sur les routes d’Amériques, trouver un fil conducteur et un angle intéressant pour construire un document vidéo de qualité.

Mais bon, mes histoires ont tout de même fait un bout de chemin après le retour. J’ai fait des entrevues radios à Radio-Canada, dont une en espagnol. Deux de mes vidéos ont été diffusés aux États-Unis : l’intro de Cowboys Amateurs a été présentée au Filmed by Bike Festival à Portland, Oregon et J’aime, au Ciclismo Classico Bike Travel Film Festival à Arlington, Massachusetts. Plus récemment, j’ai passé à la télévision française, dans un espèce de remake états-uniens de péripéties de voyage, diffusé sur une chaîne spécialisée en émissions de voyage. Ça m’a amené à Paris pour l’enregistrement studio, alors qu’à l’époque mes pas et mon coeur m’avaient amené vivre et terminer mes études à distance à Barcelone. Le résultat:

Au Canada, on me demandait comment on pouvait économiquement voyager aussi longtemps. Ma réponse ressemblait à : « Certains ont une voiture, d’autres voyagent un an et demi à vélo ». Aux États-Unis, on me demandait plutôt qu’est-ce qui se passait avec l’argent que je ne gagnais pas lors de ce voyage. Du temps perdu quoi ! Je n’avais rien à répondre à cette philosophie du « tu produis, tu consommes ou tu n’es rien », mais je peux leur dire maintenant que j’ai du boulot grâce à ce projet, justement. Je travaille maintenant comme guide accompagnateur pour une entreprise de voyages actifs de vélo et de randonnées. C’est dans les Montagnes rocheuses que j’ai connu l’entreprise grâce à un de ses employés. J’ai passé le processus d’embauche et me voilà donc rémunéré à être sur la route. Et grâce à mon expérience (et la langue) gagnée en Amérique latine, j’ai rapidement gagné le poste de responsable opérationnel sur le terrain pour le circuit que la compagnie a entre Bariloche et San Martin de los Andes en Argentine.

Alors si traverser le continent à vélo était une improductivité et une perte de temps, je serai bien heureux de le refaire. Le refaire?

 

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